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    La rage de vaincre

     

    Et j’avançais sur ce chemin sans fin comme un bateau ivre chaloupant sur une mer tourmentée. Dans la force du désespoir,  je m’accrochais alors avec courage à ma volonté de vaincre ces éléments déchaînés qui tentaient ,une fois encore,  de me mettre ventre à terre !

    Dans cet environnement animé d’une rotation étrange mais quasi permanente, mon visage habituellement rosi par l’air vivifiant perlait de gouttelettes, virant au teint laiteux. Mon corps, devenu lourd comme ces arbres penchés à la mine consternée, s’anémiait pas à pas sous le poids de mes peurs. Au grondement du vent se mêlaient mes soupirs; aux tremblements des arbres, les battements d’un cœur déjà bien au galop.

    L’automne avait pour moi perdu de ses  couleurs , son velouté si doux et la nature inerte crissait dessous mes pas me disant à mi  voix « N’y va pas ! » Mais quelque chose en moi ne se résignait pas ! Restée suspendue au haut de la falaise depuis plus de trente ans, l’enfant que j’étais me prit soudain la main et la rage de vaincre ne m’abandonna pas !

    Alors… Telles des guerrières préparant leur assaut, nos pas se firent plus sûrs et nos cœurs tout d’un coup devenus plus vaillants foulèrent enfin le sol sans jamais désarmer ..Nous redressâmes le torse, regardant dans les yeux  ces falaises abruptes qui surplombaient l'écume d'une mer agitée frappant avec fracas les rochers creusées par le ressac. Devant le précipice nos corps ne tremblaient plus
     
     

    Durant des heures entières nous pûmes dans un apaisement total, savourer pleinement toute la magnificence de cet amphithéâtre, ce joyau de beauté que la frayeur d’un jour nous avait occulté ! A la tombée du soir, le présent, le passé s’étant réconciliés, nous pûmes nous séparer et nous lâcher la main sans ne rien regretter ! La peur cette fois avait été vaincue et nous avions gagné !

     

    Anne Li

     


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    Le jour décline et Paris s’illumine. Quarante ans se sont écoulés mais Jeanne se souvient comme si c’était hier, de ces longues ballades romantiques sur le bord de la seine où, main dans la main, ils aimaient musarder ! Lui, elle, inséparable duo, affublés de leurs jeans, de tuniques indiennes sentant le patchouli, longeaient alors la rive, marchant nonchalamment les cheveux dans le vent.


    Premiers baisers, premières amours, c’étaient les années fac ! Ils s’aimaient au présent sur le bord de la seine, sans tabous, d’un amour puérile, idyllique sentant le renouveau ! Émerveillés de tout, ils consumaient la nuit jusqu’au petit matin, sans se soucier de rien, ni des quand dira-t-on, ni même des lendemains, s’inondant de douceur, d’étreintes et de caresses!


    Puis Paris s’éveillait tout autour de la Seine. Lui, elle, sans se lâcher la main, reprenaient la rive gauche vers le quartier latin, s’arrêtant en chemin pour prolonger l’instant, chez Laurette, un petit bistrot du coin aux allures de guinguette !


    Ils se disaient je t’aime sans jamais rien promettre que la sincérité de ce moment présent ! C’était juste un cadeau qu’ils se donnaient vraiment avec beaucoup d’amour et c’était suffisant.


    Dans leur chambre d’étudiant, au milieu de copains, ils refaisaient le monde au son de leurs guitares, en écoutant Neil Young ou en chantant Dylan ! Et chacun s’enflammait, prônait la tolérance, la liberté des mœurs, de l’esprit, des couleurs, refusant la violence et la guerre du Vietnam.


    Peace and love ! La vie avait passé ! Tous deux s’étaient mariés ! Lui, elle, cette fois séparément avaient fait leur chemin, loin des rives de la Seine, sans vraiment se quitter! Ils ne s’étaient rien juré que la sincérité de ce très doux moment, qu’ils conservaient tous deux, comme un précieux présent !

     

    Anne Li

     

     

     

     

     

     


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  • Mr Georges

    Cela faisait plus de 20 ans que Rose était au service de Mr Georges, alors autant vous dire qu’elle le connaissait bien. Issu d’un milieu aisé, Monsieur Georges, d’abord économiste puis magistrat à la cour des comptes, avait progressivement gravi les échelons dans la hiérarchie et occupait depuis peu, une fonction à très haute responsabilité.


    C’était un homme certes ambitieux mais restait en même temps une personne simple, courtoise et avenante. La soixantaine bien sonnée, la silhouette un peu ronde et la démarche plutôt lourdaude, il était, il fallait le reconnaître, peu soucieux de sa personne, ressemblant plus à quelqu’un du terroir qu’à un homme important !


    Mr Georges dans cette nouvelle fonction qu’il occupait dut pourtant se soumettre aux règles de bienséance, d’élégance que le protocole imposait en adoptant les codes vestimentaires en vigueur dans la haute société.


    Pauvre Monsieur Georges ! Il eut beau faire appel aux plus grands de ce monde, couturiers ; relookeurs ; coiffeurs... Exposé à la lumière sur les devants de la scène, aux crépitements incessants des flashs des photographes, aux critiques des médias, il ne put jamais s’imposer. Il accumula les gaucheries, en perdit le fil de ces idées et devint au fil du temps la risée de tous. Son impopularité fut telle qu’il se retira de ses fonctions et démissionna de son poste.


    En le voyant errer, la mine défaite, comme une âme en peine sur le perron de sa grande maison, Rose, le sentant démuni et au bout du rouleau, eut de la peine pour lui. Elle aimait bien malgré tout le personnage qu'il était et les valeurs qu’il défendait. Elle dut cependant à son tour admettre que le pauvre Mr Georges n’avait hélas ni la pointure, ni les épaules assez larges, ni les bras assez longs, ni même l'étoffe pour endosser tous les costumes sur mesure qu’on lui avait taillés régulièrement.

     

     Anne Li

     


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     L'enfant Roi

     

    Comment se nommait-il déjà ce blondinet entêté et colérique qui du haut de ses six ans la toisait du regard  lui faisant ressentir qu’il était lui le maître et elle la gouvernante. S'appelait-il Joseph, Donald, Francesco, Adolphe  ou peut être Vladimir? Non vraiment Louise ne s’en souvenait plus. Sa mémoire lui faisait-elle défaut ou était-elle simplement sélective ?

    Durant près de quatre ans, contrainte de gagner sa vie, elle avait supporté sans rien dire la tyrannie de ce jeune despote, de cet enfant roi capricieux, qui au fil du temps avait pris l’ascendant sur son environnement. C’est vrai qu’elle en avait bavé !

    À l'époque, Louise avait à peine vingt ans et était gouvernante dans cette famille bourgeoise qui vivait dans les quartiers chics de Broadway. Au service surtout de madame- monsieur étant souvent à Brooklyn pour affaires- elle s’occupait à la fois de l’intendance et de ce garçon tout-puissant, effronté et bagarreur.

     

    Cela faisait soixante ans à présent qu'elle avait quitté New York pour s’installer avec son mari en Caroline du sud. Elle ne l'avait jamais revu mais avait su par une de ses amies, quelques années plus tard, qu’adolescent il avait mal tourné. Son père, espérant sans doute le remettre dans le droit chemin, l’avait placé lui avait-elle dit, en internat dans un lycée militaire.

    Qu'était-il devenu, Louise n'en savait fichtrement rien et sincèrement elle ne souhaitait pas le savoir ! De cette époque, elle n'avait conservé que ce pendentif qu’elle venait de retrouver à l'instant au fond d’une vieille malle.

     

    Anne Li

     


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    Défi d'écriture Mil et Une. Semaine 49/2016"Petite gueule d'amour"  

     

    Une vraie petite gueule d’amour le p'tit Léo avec sa jolie bouille ronde, ses yeux charmeurs et son sourire ravageur à faire fondre toute la calotte glaciaire du Groenland !  Il a un  cœur gros comme ça Défi d'écriture Mil et Une. Semaine 49/2016"Petite gueule d'amour" qui quelques fois s’emballe tant il contient d’émotions ! 

    Un roi de la débrouille avec son p’tit chromosome d'amour en plus. Un p'tit chromosome bien taquin qui  lui joue quelques fois des tours en l’obligeant à emprunter d’autres chemins pour arriver à ses fins !

    Défi d'écriture Mil et Une. Semaine 49/2016"Petite gueule d'amour"

    Sa main droite se montre encore un peu pataude et endormie, mais qu’à cela ne tienne, Léo à plus d’un tour dans son sac ! Pas du genre le loupiot, avec son tempérament de feu, à rester les deux pieds dans le même chausson à attendre que ça se passe ! Et va que je roule et que je boule et que je t’attrape mes jouets, ma tablette ou le cou de maman et papa avec mes pieds, avec mes mains, pour leur faire des mamours ! Qu’importent les moyens pourvu qu’on y arrive !

     

     

    C'est sûr, comme racontent son papa et sa maman avec beaucoup d’humour, que ce petit X, qui s’était invité chez Léo sans y être convié en se glissant discrètement dans ses bagages, les avait sur le coup quelque peu inquiété et comme beaucoup de parents devant l’inconnu, ils s’étaient demandés s'ils sauraient faire avec  pour donner à Léo toute l’attention et tout l’amour dont il aurait besoin pour grandir. En voyant sa petit frimousse, ce petit corps tout chaud, tout mou qui s’abandonnait totalement à eux, toutes formes de doutes et de questionnements, à l'instant même où ils l'avaient pris dans les bras, s'étaient dissipés.  Alors,   21, 2 3,  13 ou X, Y, Z au fond, quelle importance ! L’amour était bien là et ne se comptait ni en lettres, ni en chiffres !

    Inutile de vous dire que pour ses parents, leur petite boule d’amour, du haut de ses cinq ans,  est bien évidemment depuis le chérubin le plus adorable du cosmos, surtout aujourd’hui, car pour le téléthon,  encore une question de chiffres, Léo, c'est lui la vedette, s’est mis sur son trente et un !

    Avec son petit chromosome d'amour en plus, chargé d’ions positifs, de sourires, de tendresse et de joie de vivre, Léo fait le bonheur de toute la maisonnée et ce soir, il est la coqueluche et la fierté de tout son village!

    Une petite sœur ne devrait plus tarder à ce que m’a dit maman et Léo va devoir apprendre à grandir et partager mais… Il a tant d’amour à donner !

      

     

    Défi d'écriture Mil et Une. Semaine 49/2016"Petite gueule d'amour"

    Défi d'écriture Mil et Une. Semaine 49/2016"Petite gueule d'amour"

     


    Une vraie petite gueule d’a


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